lundi 24 août 2015

Les gens heureux n'ont pas d'histoire


 Les gens heureux n’ont pas d’histoire.

Cette citation de Simone de Beauvoir, devenue un véritable sens commun aujourd'hui, explique-t-il deux ans d’absence ? Non, bien sûr que non. Sans aucun préavis, je n’ai plus donné signe de vie depuis le 24 septembre 2013, et je reviens en –presque- catimini un soir d’été orageux, deux ans plus tard. Même envie d'écrire. Même état d'excitation à l'idée de cliquer sur "publier". Même reconnaissance envers les éventuels lecteurs. Décor radicalement différent.

Pour la cohérence de ce blog –toujours ce souci du détail chronologique, on ne se refait pas-, je nous dois une rétrospective.

Le dernier article a été rédigé sur le toit d’une guesthouse où j’ai séjourné une dizaine de jours avant d’intégrer la coloc à laquelle j’y fais référence. Je venais d’arriver au Togo, où j’allais passer 4 mois. J’y suis restée 12 de plus.

Je n’ai pas passé 4 mois à Lomé ; j’ai vécu 16 mois à Lomé.

Entre la publication de ce dernier article et mon départ, j’ai connu 1 renouvellement de contrat, 4 déménagements, 7 colocataires de 7 nationalités et 3 continents différents, 4 franchissements de frontière dans les pays voisins, 3 retours en France, la vie à 2, et le sentiment d’être chez moi à Lomé.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Heureuse, je l’étais ; et Lomé étant devenu chez moi, ma vie était suffisamment banale pour que je n’aie rien à raconter qui me semble digne de ce blog. Ou plutôt, moins hypocritement, trop occupée à vivre, je n’ai pas pris le temps de l’entretenir. A quoi bon, me déculpabilisais-je, quand Skype, Facebook, les emails et Whatsapp existent ?

Puis s’est posée la question de l’après Lomé, car bien que je m’y sentisse chez moi, c’était toujours avec ce sentiment de provisoire, de « ce n’est pas la vraie vie », de « et après ? ». A cette période-là, il y a un peu moins d’un an, je n'avais plus du tout le blog en tête et l'alimenter était le cadet de mes soucis. J’aurais cependant sans doute tu mes doutes d’alors, par pudeur bien sûr, par crainte d’ennuyer les lecteurs aussi, par peur de devoir formuler les questions sous-jacentes à un éventuel départ.

Si je vous ai épargné mes incertitudes l’année dernière, je ne vais pas tomber dans l’écueil de m’épancher maintenant.

Tenons-nous en aux faits.

J’ai pris un retour simple Lomé-Grenoble le 23 décembre 2014 à 23h50. J’ai commencé mon nouveau travail, à Paris, le 30 décembre 2014. Des rues en terre défoncées de Lomé en pleine saison sèche au quartier de la Défense en plein hiver, la transition a été difficile. Ou plutôt, tout s'est enchaîné sans transition, ce qui a constitué l’avantage non négligeable d’éviter de me regarder trop le nombril…

La Défense. Notez qu'elle est rarement aussi sexy.

Et depuis… depuis, je suis Parisienne… hum, permettez-moi de me ménager: je ne suis pas Parisienne ; je vis à Paris.

Mais je crois que ce sera suffisant pour aujourd’hui. Laissons-nous le temps de nous réapproprier cette interface, gardons la vie parisienne pour un prochain article. Je ne me risquerai pas à faire le serment solennel  de revenir bientôt -qui serait dupe ?-, mais je suis quand même contente de nous retrouver. Et si jamais je ne donne pas de nouvelles sous peu, on n’aura qu’à se dire que c’est parce que les gens heureux n’ont pas d’histoire.

Caro