jeudi 18 février 2010

Semaine de m**** (suite et fin !)

Cher lecteur,

Si tu es de bonne humeur et as envie de le rester, clique ici. Sinon, tu peux lire ce qui suit.

Le contenu de ce blog, tu l'auras remarqué, évolue de lui-même. Je voulais éviter le racontetavie.com, mais c'est finalement vers cet écueil que je me dirige, pour te tenir au courant de ma vie ici, au jour le jour.

Aujourd'hui, donc, tu auras droit en direct à mes jérémiades quant à l'administration burundaise. Je sais que c'est tragiquement banal de se plaindre des dysfonctionnements africains, et j'avais été briefée ("sometimes, you'll feel a bit frustrated"), mais voilà, quand il s'agit de les subir, c'est une autre histoire. J'avais fini mon dernier billet par une énumération pathétique de mes problèmes. Je dois donc te donner des nouvelles.

Mardi, donc, j'ai cru que c'était le summum des mauvaises nouvelles. Naïve ! Il fallait que j'attende hier pour constater qu'on pouvait faire pire.

D'abord, ascenseur émotionnel quant au problème #1, j'ai nommé le portable : j'ai retrouvé le voleur du téléphone, et même réussi à me procurer son numéro (son numéro, pas le mien). J'étais donc persuadée de le récupérer. Naïve (bis) ! Je l'ai appelé (enfin, il ne parlait que Kirundi, donc Astère l'a appelé), lui proposant même qu'on le lui rachète. Il a tout nié en bloc. Heu… pourquoi c'est toi qui décroches quand on appelle sur le numéro de Caroline ? Il a raccroché et éteint le portable. Donc j'ai tiré un trait sur mon Samsung et décidé de m'attaquer au problème #2 : mon passeport.

Comme je n'avais toujours pas d'argent (voir problème #3), Lena m'a prêté les 120 euros nécessaires pour payer le visa. Je me rends donc à la PAFE (Pitoyable Amas de Fainéants à Etrangler, parfois appelée Police de l'Aviation, des Frontières et des Etrangers) et hier, afin de récupérer le visa ET le passeport. J'arrive là-bas, la sorcière de la caisse me demande de payer en dollars (précision : la veille on m'avait expliqué que le visa coutait soit 120 euros, soit 180 dollars. Je trouvais le taux de change étrange, mais n'avais pas insisté). Je lui réponds que je n'ai que des euros. Elle me propose donc "gentiment" de donner 180 euros, m'expliquant qu'elle s'occuperait de les changer en dollars.

Là, mea culpa, je m'irrite et lui demande si elle se fout de ma gueule. Astère, qui a remarqué que j'avais le sang chaud, me vite fait taire et m'a amenée dans un bureau de change. Heureusement, j'avais pris un peu plus que 120 euros, car je me doutais que ce ne serait pas aussi simple. Je change mes euros en francs bu, puis mes francs bu en dollars, et retourne voir la sorcière. Une fois encaissé l'argent, elle m'annonce que je ne peux pas récupérer le passeport tout de suite, formalités oblige. Je lui demande donc la preuve que j'ai payé, ce qui est un minimum quand on voit la façon dont ils travaillent dans leur taudis moisi ; j'ai autant confiance en eux qu'en une bande de terroristes Corses (pardon pour ce pléonasme). Elle refuse de me la fournir.

Là, mea culpa, je me fâche. Elle finit par me donner un papier certifiant que je me suis acquittée de 180 dollars, et me dit que si je veux je n'ai qu'à aller faire la copie puis lui ramener l'original. Me voilà donc repartie à la recherche d'un bureau de tabac où je puisse photocopier cette fichue preuve. Pas de pot, dans le bureau de tabac du coin, ils n'ont plus de papier. Passons. En désespoir de cause, je me rends au poste de police, où ils doivent bien avoir une imprimante. Bon, les flics sont gentils mais pas fous, ils ont quand même facturé la photocopie. Mais au moins j'ai la preuve, et peux donc retourner voir la sorcière. A ce moment-là, elle m'annonce que le bureau est désormais fermé et que si je veux mon passeport, je peux toujours revenir le lendemain.

Là, mea culpa, j'explose. Astère m'éloigne donc de la sorcière, étant plus habitué que moi aux rouages du système. Du coup, c'est tout lui qui a pris (ce qui donne : "mais c'est quoi ce pays de malhonnêtes ? vous pouvez me citer un seul truc qui fonctionne chez vous ? vous pouvez toujours avoir de l'aide internationale, si vous êtes aussi incompétents, c'est jeter de l'argent par les fenêtres… et nanani et nanana"). Pardon Astère, j'étais un peu crispée.

Bref, on est rentrés au boulot mais je n'avais pas vraiment envie de travailler et suis donc partie, avec pour objectif de me pencher de nouveau sur le problème #1, à savoir acheter un nouveau téléphone. En chemin, je croise un ami burundais. J'ai vraiment eu de la chance de tomber sur lui. On est d'abord allés à mon opérateur, où ils annoncent qu'ils ne vendent plus de téléphone pour la journée ("peut-être demain, j'crois"… no comment!). On a donc tourné une heure dans Bujumbura –je connais maintenant tous les magasins pourris de la ville, c'te classe- à la recherche d'un portable abordable (avec carte SIM, s'il vous plait… qu'il a fallu finalement acheter séparément). Je suis donc désormais l'heureuse propriétaire d'un e606 de NEC, que j'ai confondu dans la pénombre avec le frigo. On déplie le clapet et il touche le plafond, j'adore.

J'ai décidé que c'était suffisant pour la journée.

Comme j'aime faire durer le plaisir, j'ai décidé que le problème #3 (la carte bancaire) attendra demain. Pleine de bonne volonté, j'ai préféré retourner voir la sorcière, et fini par récupérer mon passeport.

Tout finit par s'arranger, donc. Un des avantages de l'année de mobilité est qu'elle apprend à être un peu moins sentimental et à relativiser. Promis, Mère (et Sarah, et Candide, et…), je ne dirai plus jamais que les fonctionnaires français sont des fainéants.

Je voulais écrire hier, et tu aurais vu, cher lecteur, que j'étais nettement moins philosophique. Aujourd'hui, ça va mieux. J'ai la chance d'avoir l'aide de Lena et Jakob, qui sont extraordinaires ; de même que Dieudonné (le Burundais du portable) qui m'a beaucoup épaulée hier ; aussi Astère, qui a été très présent et ne s'est pas plus vexé que cela de ma crise de nerfs ("Vous les Bazūngu, vous aimez quand ça marche bien". Merci Astère pour cette intervention).


On ne citera jamais assez le pouvoir cathartique d'un blog. Qu'est-ce que ça fait du bien de cracher son venin.

Cher lecteur, merci d'avoir supporté mes jérémiades,

Bien à toi,

Caro

PS : je râle, je geins, je me plains. Mais le Burundi, c'est cool (sauf la sorcière).

mardi 16 février 2010

Week-end bucolique!

Le titre parle pour lui, ce week-end a été l'occasion de ma première nuit en dehors de Bujumbura. Lieu de villégiature : Higienda, un village pommé à trois quart d'heure (enfin normalement, le retour nous a pris deux heures et demie. J'aime.) à l'Est de Buja.


Lena et moi sommes parties samedi matin (comprenez à 14 heures, les expats aussi se mettent à l'heure africaine) toutes tristes de quitter notre nouveau colloc, star internationalement connue pour avoir joué le rôle du bidulaptor dans Jurrasik Park. Here he is :



On rejoignait là-haut des amis de Jakob (qui n'était pas là), et on était au total neuf : deux Anglais, une Suisse allemande, deux Galloises, une Américaine, une Hollandaise, Lena et moi. Beau brassage culturel (brassage culturel occidental, certes), c'était très sympa.


Les autres y allaient en taxi, mais Lena et moi avons décidé d'y aller en bus. Expérience TRES intéressante. Le bus, c'est un mini-van où on s'entasse à 20 (En France, c'est le genre de minibus pour neuf personnes. Amoureux de l'espace vital, fuyez !), mais où on ne craint rien car il y a des affiches religieuses un peu partout et "Jésus nous protège". L'aller s'est assez bien passé. Le retour, beaucoup moins. On a eu du mal à trouver un bus car l'hôtel où nous dormions était situé à 6 km à l'extérieur du village (entre le village et Bujumbura) et chacun des bus qui passaient devant nous étaient pleins. On a donc dû en arrêter un qui venait de Bujumbura, aller jusqu'à Higienda, puis trouver un autre bus pour redescendre. Il s'est mis à pleuvoir, et faut-il le préciser, le bus n'était pas étanche. Bref, on était contentes d'arriver.


Mais comme on se l'est répété avec sagesse, cela faisait partie du voyage. Et cela valait le coup, c'était un super week-end.


D'abord, la route était splendide. Attendez, je précise : la vue sur le trajet était splendide. Car la route est une chaussée africaine, or chaussée africaine splendide appartient à la catégorie des oxymores.


Génial, non, le petit village perché sur la colline (au centre droit de la photo, cliquez sur la photo pour l'agrandir).


Premier scoop : on peut avoir froid en Afrique. Mais vraiment froid. Astère m'avait avertie : "Higienda, c'est la France". Venant d'un Burundais, j'ai pris le conseil à la légère et suis partie avec un pull (si un Lillois vous affirmait que "la Belgique, c'est le pôle Nord", vous réagiriez comment, vous ?). Triste erreur. Ma principale source de chaleur samedi soir fut donc… la cheminée. Et je vous assure qu'il n'y a rien de plus exotique que de manger une brochette de chèvre au coin du feu, en se répétant "Yes, we are in the middle of Africa!".


Ce week-end fut également l'occasion de ma première rando africaine, dans un paysage très… européen. Je me fâche contre le premier qui souligne qu'il n'y a pas besoin d'aller au Burundi pour traverser un pré bordé de sapin. C'était magnifiue. Je vous le laisse découvrir par vous-même.


Le "village" africain (comprenez les trois huttes qui jouent à cache-cache) au milieu des prairies. A gauche, des plantations de thé, puis derrière un champ de maïs. Au fond, on aperçoit le lac et encore plus au fond, au milieu des nuages, le Congo.


Et je crois que c'est à peu près tout. Une dernière photo juste parce que je vous aime bien, celle du paysage qui s'offre à nous en redescendant d'Higienda :



Coucher de soleil sur le bidonville-sud de Bujumbura. Au loin, les montagnes du Congo (je sais je le rabâche sur toutes les photos, mais je trouve toujours génial de constater, l'air de rien: "Tiens, ça, c'est le Congo").


La semaine a en revanche nettement moins bien commencé que le week-end, avec, par ordre chronologique :

  1. Vol du téléphone
  2. Carte bancaire bloquée
  3. Expiration du visa (pour cause de pas payé pour cause de carte bancaire bloquée ; tout est lié, l'ami) et passeport confisqué à la Police des Frontières. Je crois que je vais demander le statut de réfugiée, parait qu'on fiche la paix aux demandeurs d'asile congolais.

A bientôt,

Caro

lundi 8 février 2010

Collocacion #2

Il n'était pas prévu que je vous écrive, mais figurez-vous que c'est férié aujourd'hui. Attendez, je vais trop vite en besogne. Flash-back (ou analepse, pour parler dans un Français correct) : vendredi, c'était férié. Le 5 février est journée d'union nationale (c'te blague). Tout le week-end, la rumeur que lundi également était férié a couru, le président ayant pris un arrêté jeudi soir, allongeant le week-end à 4 jours. Il parait que c'est fréquent qu'une journée soit banalisée de la sorte ; j'adore. J'ai à peu près tout entendu : que c'était uniquement valable pour les fonctionnaires, que c'était pour permettre aux retardataires de s'inscrire sur les listes électorales, que c'était carrément faux. Sur les conseils avisés de mon nouveau colloc, j'ai appelé Astère hier soir, lui demandant ce qu'il en était. Réponse : "Caroline, je crois qu'il faut respecter la décision du Président et ne pas aller au travail". Heu… juste par curiosité, si je n'avais pas appelé, j'aurais poireauté combien de temps devant la porte d'IBJ ? Bref, passons, je ne me le suis pas fait dire deux fois, et aujourd'hui farniente, piscine, et nouvel article !

Pour continuer le parallèle avec mon premier semestre, voici donc un billet sur la colloc ici ! Nouveau décor, nouveau surnom, nouveaux flatmates ! A la précision près que j'ai maintenant des housemates car je vis dans une maison –house- et plus dans un appart –flat-.

Comme je vous l'avais dit dans mon précédent poste, j'ai quitté la guesthouse. Sauf que je ne suis pas allée dans la maison des rats -oups, pardon Clara, des souris-, mais dans une autre. Que je vous explique, mes amis français proposaient de m'héberger provisoirement, le temps que je trouve une colloc, que j'ai finalement dénichée avant de squatter chez eux. Bon, c'était toujours un plan foireux dont j'ai le secret (une cliente de la guest avait une fille qui était amie avec un gars qui connaissait une fille qui partait, et qui donc laissait une place vide chez elle), mais ledit plan foireux a marché. Une fois entrée en contact avec les deux personnes lachement abandonnées par la fille en question, c'est allé très vite. J'ai rencontré Jakob lundi soir, mangé avec Lena mardi midi, et emménagé chez Jakob et Lena mercredi ! Question d'efficacité, l'ami !

A Saga Resha hier, LA plage paradisiaque du Burundi, à une heure au sud de Buja, avec Lena et Jakob.

Bon, ptit pincement au cœur mercredi soir quand il s'est agi de déménager en taxi (traduction : tu peux compter sur toi, ou sur toi, au choix). Puis gros pincement au cœur quand il a fallu défaire ses bagages sans électricité (pas de vice-président dans le quartier… la coupure a duré 24 heures…). Enfin énorme pincement au cœur quand j'ai réalisé qu'on vivait à côté d'une mosquée et d'une église évangélique. TOUS les matins, à 5 heures, on a droit à la prière en Arabe. Je deviens folle. Et le week-end, alors qu'on se couche à peu près à l'heure de la prière (humhum), y'a les Protestants qui s'y mettent à 8 heures. Ils ont des amplis qui émettent à l'extérieur, tant et si bien que même la musique à fond ne parvient à couvrir le prêche. Hier (mais ils m'ont dit que c'était exceptionnel), on est partis à 14 heures et cela continuait. Wanted : boules Quiès. Vite. Très vite.

J'ai la chance de vivre dans une maison accueillante, ouverte à tous…

Mis à part ces petits tracas qui agrémentent le quotidien (ou pas), c'est super. Ou das ist super, devrais-je dire, puisque Lena et Jakob parlent la langue de Goethe. Et si Lena se débrouille en Français, Jakob a un peu plus de mal. J'ai donc enfin l'occasion de parler Anglais pour de bon, et je crois avoir plus pratiqué l'English en un week-end ici qu'en trois mois chez les Britishs -ce qui n'est pas très difficile, certes.

Luxe suprême, on a l'eau chaude presque tous les jours (sans les rats. Ni les souris, Clara). Sinon, le confort est pour le moins spartiate. Ma chambre est aménagée dans un style qui évoque singulièrement une cellule monacale de la Grande Chartreuse, et la cuisine is not that glamourous, comme l'a souligné Jakob, faisant ainsi preuve d'un sens de l'observation hors du commun. D'ailleurs, pour y accéder, faut traverser le jardin, car on la partage avec deux autres maisons. Mais je suis d'une mauvaise foi prodigieuse, puisque je n'y mets jamais les pieds. Comme tout le monde ici, nous avons un cuisinier, une dame de ménage et un gardien. Mère m'a déjà fait part de ses inquiétudes quant à ma fainéantise à venir.


La cuisine. Par égard pour vos yeux d'Européens, je n'ai pas pris en photo l'évier.

Quant à la salle de bain… Je vous la laisse découvrir en image.


Beaucoup d'entre vos m'avaient parlé des robinets de Stoke ! Ici, c'est la même. Sauf que le robinet d'eau froide ne marche pas, donc on allume en dessous. On n'arrête plus le progrès.

Je suis donc très contente, et n'ai pas, mais alors pas du tout envie de retourner au boulot demain après un (long) week-end de piscine, de plage, de sorties. Un week-end de Bazūngu, quoi. D'ailleurs, en parlant de Bazūngu… Voici pour conclure une photo de Lena et moi, prise par Jakob, qui s'est bien marré devant le spectacle de deux Bazūngu à la flotte.


J'espère que vous allez tous bien, merci pour vos mails, commentaires, et nouvelles !

Caro

PS : les photos sont de mauvaise qualité car je les ai allégées pour que leur téléchargement soit plus rapide, comme je suis dans un cyber actuellement. Endschuldigung !

lundi 1 février 2010

Outlandish quotations !

Avant tout, désolée pour cet article qui ne sera pas illustré, mais la connexion est trop mauvaise depuis samedi, ce serait trop long de télécharger des photos. J'ai même subi un jour sans Internet. Amen.


La vie ici est remplie de surprises. Effet immédiat, on entend et proclame des propos qui, pris hors contexte, pourraient faire douter de la santé mentale de leur émetteur. En voici un florilège, dont certains ne sont là que pour me donner l'occasion de vous relater l'anecdote. Leur véracité - et leur vécu (sic !)- sont certifiés par bibi ! Faut-il le préciser, ce billet a avant tout vocation à rassurer Père et Mère. Mwouarf mwouarf.


"Heu, les gars, vous êtes gentils, mais là j'essaie juste de tenir debout, ce qui n'est pas donné sur vos routes chaotiques…"

Je me suis trouvée au milieu de la nuit à l'arrière d'un pick-up, entourée de Burundais qui m'apprenaient à danser sur du reggae. Et, ainsi que le souligne ma réplique, ma priorité était, avant le rythme, de rester sur le pick-up. Mission réussie, on repassera pour la choré.


"C'est pô à cause de toi. C'est juste qu'il avait jamais vu de Muzūngu".

Justification fournie par un grand frère après un drame diplomatique dont je suis responsable (enfin, dans une certaine mesure seulement). Explication : un p'tit bout d'chou voulait voir l'intérieur de la voiture. Bonne poire, je le soulève. Sauf qu'il n'avait pas repéré que j'étais un peu plus claire que lui. Tant qu'il regardait dans la voiture, il était tout content, puis ses yeux se sont baissés sur mes mains, et il s'est mis à hurler, se rouler par terre puis partir en courant, en y laissant une chaussure et un bout de son short au passage. TOUT le village me regardait, soit en étant mort de rire, soit en me fusillant du regard pour avoir osé toucher au fiston. Je me suis rarement sentie aussi seule (si, si, larmes aux yeux et tout, dur…).


"Ha, ça ? C'est chez Kadhafi."

"Plait-il ?". Est-ce qu'Astère était en train de m'expliquer que le Président Libyen prenait ses quartiers d'été dans la capitale burundaise ? Non. C'est juste la réponse qu'il m'a donnée lorsque je remarquai la beauté de la mosquée. Elle a écopé de ce sobriquet car c'est un cadeau de Tripoli. Elle est magnifique, avec un minaret splendide qui ferait blêmir le plus honnête des Helvètes.


"Là, c'est mieux que ce soit toi qui demandes, t'es une Muzūngu".

Pas besoin de contextualiser, je l'entends à longueur de journée. Cf. mon billet sur les Bazūngu.


"Et vous êtes mariée ?"

Heu, non, merci…


"Bon, benh, tant pis, on sort pas".

Père et Mère, passez à la suivante, sinon vous allez me faire rentrer au bercail.

Pour les autres, here is the contexte. Vendredi, soirée chez des amis (enfin, des amis de connaissances…) avant d'aller à la Kibira, la boite préférée des dites connaissances. Mais plusieurs d'entre eux reçoivent des coups de fil nous conseillant de rester chez nous. De toute façon, tout est fermé en ville. Apparemment, suite à une tentative de prise du pouvoir par un groupuscule militaire, toute la ville est quadrillée, et les bars et boites ont préféré baisser les grilles. Et là, bibi a un flashback ! Quelques heures auparavant, vers 18 heures, j'étais dans le quartier asiat' avec Astère et on est allés sur la plage. Gros attroupement de badauds, policiers qui couraient derrière des militaires qui fuyaient en bateau vers le Congo (imaginez la scène, perso, j'aime). Sans le savoir, j'avais semble-t-il assisté à un coup d'Etat. C'est ce qui s'appelle être au bon endroit au bon moment, hein ? Si j'avais su, j'aurais lancé un grandiloquent "Je vous ai compris". Mais hélas !, je n'ai fait le lien que le lendemain, après avoir déniché cette dépêche AFP. Mais, restons sérieux cinq minutes, les militaires n'ont jamais eu l'intention de prendre le pouvoir. Tout le monde ici est d'accord pour dire, que, à l'approche des élections (au printemps), le gouvernement veut arrêter les opposants. Ce coup d'Etat est, d'après tous ceux à qui j'en ai parlé (Burundais comme Bazūngu), un coup monté, pour justifier l'arrestation de quelques officiers influents. "Mais Astère, c'est souvent comme ça chez vous ?"… "Bon c'est-à-dire, d'habitude c'est mieux mis en scène. Là, ils auraient pas dû faire venir la télé et la radio nationales, c'était pas crédible". Haaaa, c'est donc ça…


"Avenue Mao, siouplé".

Celle-là, c'est juste parce que j'aime le nom de la rue. Je vous tiens au courant si je suis amenée à remonter le Boulevard Tito.


"T'en fais pas, c'est les rats"

Visite chez des amis. Plafonds qui craquent. Plafonds qui tremblent. "Heu, elle est sympa, vot' maison, mais z'êtes surs qu'elle est solide ?". Oui, elle est solide, non, elle ne va pas s'effondrer, c'est juste que, eux aussi ils ont regardé 30 millions d'amis le samedi aprèm' sur France quand ils étaient petits, et qu'ils protègent les animaux. Ou pas.


"C'est le luxe, chez toi".

Première réaction lorsque j'ai appris que ces mêmes amis avaient l'eau chaude.


"Trace… p*****, trace. Ralentis pas, tu les connais".

Traduction : sur la route pour aller à la Kibira, ne jamais s'arrêter au barrage de flics. Ils sont uniquement là pour soutirer quelques billets, et n'ont de toute façon pas les moyens de nous poursuivre en voiture (le policier avec qui j'étais à la prison de Bubanza m'avait expliqué que chaque officier de police avait 100L de carburant par mois. Les routes étant mauvaises et les voitures en majorité automatiques, on consomme beaucoup plus qu'en Europe. Donc 100L est extrêmement peu. Les flics ne sont pas fous : ils ne vont pas s'amuser à nous courir après alors qu'une voiture finira par s'arrêter).


"Toi, tu étais à la piscine samedi dernier, tu portais un maillot noir, et tu lisais un livre, assise sur une chaise longue à droite de l'échelle de la terrasse".

Rencontre avec un Burundais, parfait inconnu. Après les présentations d'usage, il me récite mon emploi du temps de la semaine précédente. Je disais donc, les Bazūngu passent inaperçus ici. Dis, juste comme ça, c'est quoi le titre du livre que je lisais ?


"Tu sais, tu devrais te faire des tresses comme nous, tu as les cheveux pour".

Claire, l'assistante d'IBJ, a ainsi mesuré l'ampleur de mon problème capillaire. Merci, Claire.


"Ourch, tu avais oublié ta crème solaire".

Astère, le chef d'IBJ, a ainsi mesuré l'ampleur de mon problème épidermique. Merci, Astère.


J'en ai mille autres encore, mais cet article est déjà trop long. Le mot de la fin pour Sarah : CCA !


C'est Ca l'Afrique.


Caro


PS : j'ai commencé à écrire ce poste hier. Depuis, y'a du nouveau : je déménage ! Dans la maison des rats (et de l'eau chaude aussi ; je sais, je suis de mauvaise foi). Donc plus d'Internet pour un petit moment (on devrait normalement l'avoir au boulot d'ici la fin de la semaine ; mais l'emploi du conditionnel suivi du "normalement" indiquent que rien n'est sûr !). Ce qui ne m'empêche pas de penser à vous beaucoup beaucoup beaucoup !