En toute honnêteté, cet article aurait eu un peu plus de sens hier (quand je suis descendue de l'avion, en toute logique). Mais il se trouve que je n'ai pas eu le temps, alors je nous l'ai gardé tout chaud sous le coude et nous le prépare ce soir.
Avant tout, merci, merci, et merci pour vos mails, textos, coups de téléphone, pigeons voyageurs et autres télégrammes ! Qu'on se le dise, quand on débarque dans un endroit inconnu (et où on est personne pour tout le monde, en l'occurrence), cela fait très, très plaisir de savoir que certains pensent à nous. En tout cas, moi, ça me fait plaisir.
Bref, tout ça pour dire que je suis bien arrivée dans le Nôôôôôôôôôôôrd, que mes engelures sur les doigts ne m'empêchent pas encore de taper sur le clavier (ayiiiiiiiiiiiiiiiiii la mauvaise foi et les vieux clichés sur le temps allemand : il fait pour ainsi dire bon (6-7 degrés) et la pluie qui tombe depuis ne m'a pas encore noyée –elle m'a juste causé une petite indisposition capillaire, mais c'est une question d'habitude), et que… bah que tout va bien.
Mais voilà qu'à peine nous sommes-nous retrouvés et que je vous étouffe avec des considéración (à lire "cionne", ça n'a pas changé. On n'efface pas 4 ans avec la Pervesión –mon prof d'Espagnol, pour ceux qui n'ont pas eu l'honneur…- en un jour chez les Allemands) secondaires. Revenons-en à l'objet de ce billet, à savoir une question que nombre d'entre vous m'a déjà posée (nan, pas vous les IEPiens, je sais bien que vous connaissez la réponse) : "mais quand t'arrives dans un endroit nouveau, concrètement, tu fais quoi quand tu descends de l'avion ?"

Hier, donc, et même si c'était la première fois que personne ne m'attendait à l'aéroport (Stafford avait affrété des cars entre Londres et Stoke, et Astère m'avait attendue à l'aéroport de Buja), j'avais une adresse où me rendre. En effet, une amie (que vous connaissez, puisqu'il s'agit d'Adeline, ma coloc du Burundi), qui avait vécu à Berlin il y a quelques années, m'avait mise en contact avec un ami à elle ; lequel a proposé de m'héberger quelques jours (jusqu'à ce que je déménage vers la chambre que je loue le mois prochain). Danke à tous les deux. Je squatte donc chez Sébastien pour une semaine (les collègues de la SFAC, vous croyez que je ne vous vois pas vous marrer ?! Tsss tsss).
Ce que l'histoire ne raconte pas, en général, c'est le laps de temps qui s'écoule entre le moment où on descend de l'avion et le moment où on sonne chez Sébastien. Et pour cause, l'Ami, et pour cause… Vous m'autoriserez ce raccourci, mais vous êtes d'accord que si on raconte à une femme les détails de l'accouchement, ça lui donne envie d'adopter un chat ? [c'est pas moi qui le dis]. Hé bien c'est pareil dans notre situation : si on raconte à quelqu'un ce fameux laps de temps, ça le dissuade de voyager.
Rappelons-nous Xavier (alias Romain Duris) qui débarque à Barcelone dans l'Auberge Espagnole. Il est chargé comme une mule, il arrive pas à se souvenir du nom des rues qu'il a notées sur un bout de papier froissé, et, même si le film ne le montre pas, je suis sure qu'il a galéré pour trouver la station de métro en sortant de l'aéroport.
C'était moi hier. J'étais chargée, et j'avais l'impression que tout avait le même nom (quoi, ça finit tout par strasse ici, après tout), et j'avais chaaaaaauuuuuuud (superposicion stratégique de pulls pour économiser du poids dans les bagages), et j'y comprenais rien à leur délire de S-bahn et U-bahn (plus ou moins comme les métros et RER), et m**** je me suis trompée de quai faut que je redescende et que je remonte sur le quai d'à-côté avec la valise, et j'étais fatiguée, et je trouvais que le plan de métro était plus lisible avec le Nord tourné vers le bas, et je ne me souvenais plus quelle était la sensation d'avoir du sang dans mes doigts meurtris à force de tirer la valise, et c'est quoi cette météo allemande pourrie (pardonnez le pléonasme) et qu'est-ce-que-je-fous-ici-c'est-l'heure-de-sortir-le-chien.
Voilà, en substance, ce qui se passe pendant le laps de temps qui s'écoule.
Mais ça, on peut le zapper. Parce ce que l'histoire raconte, ce sont les rencontres, découvertes, surprises que réservent les voyages. Et elle a bien raison, car c'est de ça dont on se souvient, et que cet environnement nouveau deviendra familier avant qu'on ait eu le temps de s'en rendre compte.
J'vous embrasse,
Caro