lundi 1 février 2010

Outlandish quotations !

Avant tout, désolée pour cet article qui ne sera pas illustré, mais la connexion est trop mauvaise depuis samedi, ce serait trop long de télécharger des photos. J'ai même subi un jour sans Internet. Amen.


La vie ici est remplie de surprises. Effet immédiat, on entend et proclame des propos qui, pris hors contexte, pourraient faire douter de la santé mentale de leur émetteur. En voici un florilège, dont certains ne sont là que pour me donner l'occasion de vous relater l'anecdote. Leur véracité - et leur vécu (sic !)- sont certifiés par bibi ! Faut-il le préciser, ce billet a avant tout vocation à rassurer Père et Mère. Mwouarf mwouarf.


"Heu, les gars, vous êtes gentils, mais là j'essaie juste de tenir debout, ce qui n'est pas donné sur vos routes chaotiques…"

Je me suis trouvée au milieu de la nuit à l'arrière d'un pick-up, entourée de Burundais qui m'apprenaient à danser sur du reggae. Et, ainsi que le souligne ma réplique, ma priorité était, avant le rythme, de rester sur le pick-up. Mission réussie, on repassera pour la choré.


"C'est pô à cause de toi. C'est juste qu'il avait jamais vu de Muzūngu".

Justification fournie par un grand frère après un drame diplomatique dont je suis responsable (enfin, dans une certaine mesure seulement). Explication : un p'tit bout d'chou voulait voir l'intérieur de la voiture. Bonne poire, je le soulève. Sauf qu'il n'avait pas repéré que j'étais un peu plus claire que lui. Tant qu'il regardait dans la voiture, il était tout content, puis ses yeux se sont baissés sur mes mains, et il s'est mis à hurler, se rouler par terre puis partir en courant, en y laissant une chaussure et un bout de son short au passage. TOUT le village me regardait, soit en étant mort de rire, soit en me fusillant du regard pour avoir osé toucher au fiston. Je me suis rarement sentie aussi seule (si, si, larmes aux yeux et tout, dur…).


"Ha, ça ? C'est chez Kadhafi."

"Plait-il ?". Est-ce qu'Astère était en train de m'expliquer que le Président Libyen prenait ses quartiers d'été dans la capitale burundaise ? Non. C'est juste la réponse qu'il m'a donnée lorsque je remarquai la beauté de la mosquée. Elle a écopé de ce sobriquet car c'est un cadeau de Tripoli. Elle est magnifique, avec un minaret splendide qui ferait blêmir le plus honnête des Helvètes.


"Là, c'est mieux que ce soit toi qui demandes, t'es une Muzūngu".

Pas besoin de contextualiser, je l'entends à longueur de journée. Cf. mon billet sur les Bazūngu.


"Et vous êtes mariée ?"

Heu, non, merci…


"Bon, benh, tant pis, on sort pas".

Père et Mère, passez à la suivante, sinon vous allez me faire rentrer au bercail.

Pour les autres, here is the contexte. Vendredi, soirée chez des amis (enfin, des amis de connaissances…) avant d'aller à la Kibira, la boite préférée des dites connaissances. Mais plusieurs d'entre eux reçoivent des coups de fil nous conseillant de rester chez nous. De toute façon, tout est fermé en ville. Apparemment, suite à une tentative de prise du pouvoir par un groupuscule militaire, toute la ville est quadrillée, et les bars et boites ont préféré baisser les grilles. Et là, bibi a un flashback ! Quelques heures auparavant, vers 18 heures, j'étais dans le quartier asiat' avec Astère et on est allés sur la plage. Gros attroupement de badauds, policiers qui couraient derrière des militaires qui fuyaient en bateau vers le Congo (imaginez la scène, perso, j'aime). Sans le savoir, j'avais semble-t-il assisté à un coup d'Etat. C'est ce qui s'appelle être au bon endroit au bon moment, hein ? Si j'avais su, j'aurais lancé un grandiloquent "Je vous ai compris". Mais hélas !, je n'ai fait le lien que le lendemain, après avoir déniché cette dépêche AFP. Mais, restons sérieux cinq minutes, les militaires n'ont jamais eu l'intention de prendre le pouvoir. Tout le monde ici est d'accord pour dire, que, à l'approche des élections (au printemps), le gouvernement veut arrêter les opposants. Ce coup d'Etat est, d'après tous ceux à qui j'en ai parlé (Burundais comme Bazūngu), un coup monté, pour justifier l'arrestation de quelques officiers influents. "Mais Astère, c'est souvent comme ça chez vous ?"… "Bon c'est-à-dire, d'habitude c'est mieux mis en scène. Là, ils auraient pas dû faire venir la télé et la radio nationales, c'était pas crédible". Haaaa, c'est donc ça…


"Avenue Mao, siouplé".

Celle-là, c'est juste parce que j'aime le nom de la rue. Je vous tiens au courant si je suis amenée à remonter le Boulevard Tito.


"T'en fais pas, c'est les rats"

Visite chez des amis. Plafonds qui craquent. Plafonds qui tremblent. "Heu, elle est sympa, vot' maison, mais z'êtes surs qu'elle est solide ?". Oui, elle est solide, non, elle ne va pas s'effondrer, c'est juste que, eux aussi ils ont regardé 30 millions d'amis le samedi aprèm' sur France quand ils étaient petits, et qu'ils protègent les animaux. Ou pas.


"C'est le luxe, chez toi".

Première réaction lorsque j'ai appris que ces mêmes amis avaient l'eau chaude.


"Trace… p*****, trace. Ralentis pas, tu les connais".

Traduction : sur la route pour aller à la Kibira, ne jamais s'arrêter au barrage de flics. Ils sont uniquement là pour soutirer quelques billets, et n'ont de toute façon pas les moyens de nous poursuivre en voiture (le policier avec qui j'étais à la prison de Bubanza m'avait expliqué que chaque officier de police avait 100L de carburant par mois. Les routes étant mauvaises et les voitures en majorité automatiques, on consomme beaucoup plus qu'en Europe. Donc 100L est extrêmement peu. Les flics ne sont pas fous : ils ne vont pas s'amuser à nous courir après alors qu'une voiture finira par s'arrêter).


"Toi, tu étais à la piscine samedi dernier, tu portais un maillot noir, et tu lisais un livre, assise sur une chaise longue à droite de l'échelle de la terrasse".

Rencontre avec un Burundais, parfait inconnu. Après les présentations d'usage, il me récite mon emploi du temps de la semaine précédente. Je disais donc, les Bazūngu passent inaperçus ici. Dis, juste comme ça, c'est quoi le titre du livre que je lisais ?


"Tu sais, tu devrais te faire des tresses comme nous, tu as les cheveux pour".

Claire, l'assistante d'IBJ, a ainsi mesuré l'ampleur de mon problème capillaire. Merci, Claire.


"Ourch, tu avais oublié ta crème solaire".

Astère, le chef d'IBJ, a ainsi mesuré l'ampleur de mon problème épidermique. Merci, Astère.


J'en ai mille autres encore, mais cet article est déjà trop long. Le mot de la fin pour Sarah : CCA !


C'est Ca l'Afrique.


Caro


PS : j'ai commencé à écrire ce poste hier. Depuis, y'a du nouveau : je déménage ! Dans la maison des rats (et de l'eau chaude aussi ; je sais, je suis de mauvaise foi). Donc plus d'Internet pour un petit moment (on devrait normalement l'avoir au boulot d'ici la fin de la semaine ; mais l'emploi du conditionnel suivi du "normalement" indiquent que rien n'est sûr !). Ce qui ne m'empêche pas de penser à vous beaucoup beaucoup beaucoup !

5 commentaires:

  1. Caro, je pensais déjà à toi au Togo à ce propos : je suis jalouse parce que je pense que tu as les cheveux juste parfaits pour te faire des tresses !!! Just do it !!! Perso, j'ai hésité, puis abandonné l'idée parce que ça m'aurait abimé les cheveux... et j'ai quand même dû tout couper :'( Donc n'éhiste pas ;)
    Sinon, j'avoue chuis impressionnée par ton coup-d'Etat-qui-n'en-est-pas-un. Ca fera un sacré souvenir à raconter à tes petits enfants !^^ ("J'y étaaaaais...")

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  2. Hola Carolinación!! Dis donc, pas cool la "perversión" made in africa qui t'épie au bord de la piscine...malheureusement on attire forcément toute l'attention quand on est d'une couleur différente à la population locale. Ce que je vis au mexique est incomparable aux expériences que vous avez (eu) toi et sarah, ce n'est qu'un tout petit aperçu vu que le mexique est beaucoup plus touristique et sécurisé. Cela dit, à Chihuahua on me repérait directe comme une "estadounidense" soit un portefeuille-sur pattes comme tu le dis si bien,surtout quand je suis partie à la montagne, "chez" les indiens Tarahumaras, où d'ailleurs, je n'osais pas non plus sortir l'appareil photo (excepté pour les incroyables paysages). Quant à l'insécurité qui a grimpée depuis un an (mais qui n'atteint toute de même pas le niveau de Cd Juarez), les affronts entre police militaire et narco-traffiquants se déclenchent parfois de bon matin et il n'était pas rare de voir à l'arrière d'un pick up vitres très tintées un homme armé dans le pur style maffieux...mais ce n'ont été que des détails dans un climat général très accueillant, entourée de personnes vraiment sympathiques et généreuses. Je te souhaite plein de bonnes choses pour ce semestre, tes parents n'ont vraiment pas à s'en faire car Caroline est une 100% dégourdie!!Et en plus tu es super encadrée, avec déjà tout plein d'amis (ainsi que de leurs souris...plus mignon que de dire rats, positive touch^^), cuidate mucho, nos vemos!

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  3. ouah franchement j'adore tes posts !!!
    Top 1 l'histoire du petit bout de chou
    Top 2 l'inconnu très très très curieux
    Top 3 la fausse cource-poursuite avec la police

    Le mieux c'est que toi, tu n'as appremment aucun problème pour écrire tout ca sur un blog ... bien à toi !!
    Continue !!

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  4. On va bientôt t'appeler Caro Jones au milieu des coups d'Etat et des aventures locales rocambolesques, fais attention de ne pas te prendre un coup de machette quand même...
    Merciiii pour mon annif

    Eva

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  5. Rho les IEPiens vous êtes trop mignons ! Merciiii pour vos commentaires.
    Candide, on se serait passer de ton top 3, surtout que les 2 premiers sont les 2 qui ne m'ont vraiment, mais alors vraiment pas fait rire. Mais tu l'as fait exeuprès, hein ?
    Et Clara, cuidate mucho tambien, comme je te l'ai dit sur ton blog, j'ai entendu dire que y'avait beaucoup de règlements de compte en Mexico ! Comme dirait notre chère Slovène, prends garde de ne pas prendre un coup de machette non plus !
    Quant à Sarah, oui, je crois que je vais me résigner pour les tresses, devant la catastrophe à laquelle je suis confrontée actuellement.
    Bisous à vous tous, take care, amahoro!
    PS : des news from the coup d'état. Sur le moment, ça m'a fait sourire. Mais mon ONG (qui concerne les droits de l'Homme) s'est penchée sur la question, les militaires qui ont été arrêtés la semaine passée (innocents, a priori) sont torturés depuis une semaine à la prison centrale de Buja, Mpimba. Tout de suite, c'est moins drôle.

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