dimanche 18 mars 2012

Wir haben einen neuen Bundespräsidenten

« Sciences-Po m’a tuer », ou comment vous assommer en ce dimanche printanier avec de la Politique.

Cela n'a pas fait la Une en France, mais l'Allemagne élisait aujourd'hui son nouveau Président de la République Fédérale.

Le suspens n'était pas immense puisqu'il est élu au suffrage indirect par l'Assemblée Fédérale. Celle-ci est composée de tous les membres du Bundestag (le Parlement, qui siège au Reichstag, le bâtiment avec un dôme au-dessus qu'on utilise souvent pour représenter l'Allemagne), et de certains représentants des Länder (les États fédérés ; l'Allemagne en compte 16 et les États-Unis 50, mais c'est une autre histoire), et d'autres élus encore mais peu importe. Elle se réunit pour élire le Président Fédéral, et il se trouve que Joachim Gauck avait le soutien de plus de 50% des membres de l'Assemblée -ce qui aide pour être élu.

Mais, me direz-vous, que fait le Président ? Eh bien le Président promulgue, représente, accrédite, convoque, communique ou condamne… Donc, non, il ne décide pas. Il a une fonction honorifique, Angela étant là pour mener la barque.

Le château de Bellevue, résidence officielle du Bundespräsident.
Il est situé en plein coeur de Berlin, et -honte à moi-, je ne l'ai pas encore vu.
La photo est prise sur Internet.


Gauck succède au démissionnaire Christian Wulff, lequel a succédé au démissionnaire Horst Kölher. Et c'est là que cela devient intéressant (avis personnel, certes).

Le premier, Kölher, a démissionné après avoir tenu, de retour d'Afghanistan, les propos suivants : « un engagement militaire peut être nécessaire pour protéger nos intérêts, par exemple la liberté des voies commerciales, par exemple en empêchant l'instabilité dans des régions entières qui aurait des effets négatifs sur nos échanges, nos emplois et nos revenus ». Pas très diplomatique voire franchement maladroit, mais a priori, il parlait de la Somalie. Il n'empêche, les Allemands sont pacifistes depuis la Seconde Guerre Mondiale, l'intervention militaire en Afghanistan est loin de faire consensus, et le Bundespräsident a démissionné 10 jours de critiques et scandales plus tard.

Son successeur, Wulff a été accusé d'avoir bénéficié de prêts hyper avantageux. Pire, il a laissé un message virulent sur la boite vocale du rédacteur en chef du Bild, le canard qui avait dévoilé l'affaire, le menaçant s'il continuait à investiguer sur ses petites économies. L'appel téléphonique a eu lieu en décembre, Wulff a présenté sa démission le 17 février.

L'Allemagne entre avec cette élection dans une sorte de cohabitation. Merkel, qui est au CDU, parti libéral, devra composer avec un membre du SPD, parti plutôt à gauche. Deux bémols : même le CDU soutenait la candidature de Gauck à la Présidence, le parti ayant largement pâti des scandales ayant entaché les deux précédents Présidents (Kölher et Wulff étant au CDU) ; et on ne peut pas vraiment parler de cohabitation, le Président étant censé transcender les partis.

Est-ce que deux scandales similaires auraient suscité dans l’Hexagone la démission du Président ou Premier Ministre ? La France n'a naturellement pas le même rapport à la guerre que l'Allemagne, et il n'est même pas sûr que ce genre de propos provoque un scandale. Alors de là à en faire démissionner le Premier Ministre… Quant aux scandales financiers, on en découvre tous les jours et seule la cabale menée contre Eric Woerth aura conduit à sa démission. Je n'ai pas d'autres exemples en tête. Certes, la situation est différente en Allemagne. Le Président n'a qu'un seul pouvoir : sa parole. Ce qu'il dit, ça compte. En conséquence, on attend de lui qu'il soit irréprochable. Néanmoins sans vouloir faire ma révolutionno-anarchiste, est-ce que les Français attendent de leurs politiques la même droiture ? Et les politiques sont-ils vraiment prêts à se draper dans leur dignité et démissionner lorsqu’ils se sentent incompris ou désavoués ?

Parenthèse politique de bistrot refermée, Wilkommen, M. Gauck et bonne semaine à vous.

Caro

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