Bien à vous,
samedi 30 janvier 2010
J'ai vu mon premier hippo
Bien à vous,
lundi 25 janvier 2010
Muzūngu now I am !
Deux articles en deux jours… A ce rythme, je vais vous lasser ! Après je me calme, promis, mais j'ai tant à vous raconter, la vie ici est incroyable –et géniale ! Bref, venons-en à l'objet !
Souvenons-nous de ce 28 septembre 2009, où, fraichement débarquée à Stoke, je vous expliquais le pouvoir performatif de la dénomination, dans un billet intitulé "Freshers now we are !". Nouveau décor, nouvelle appellation. Je ne vais pas vous faire un dessin, un daltonien pourrait lui-même observer ma Muzūnguïtude, ou -en un Français un peu plus correct mais pas encore complètement- ma Blanchitude.
En d'autres termes, je me sens un peu pâlotte quand je me balade dans la rue. Rectification : suite à une session-bronzage ce week-end, je suis désormais rougeotte, mais là n'est pas la question. Le Burundais se fiche de la couleur du Blanc, le Blanc est un Muzūngu. Point.
Le statut des Bazūngu (au pluriel) dépend de l'endroit où se déroule notre histoire. Le Muzūngu est tantôt une créature étrange, tantôt un porte-monnaie sur pattes, tantôt un trophée (du genre "j'ai touché un Muzūngu !").
A Buja (oui, permettez que j'me la rac' en appelant la capitale par son p'tit nom), les autochtones sont habitués à croiser des Bazūngu. Selon l'heure, le quartier, et le personnage à qui on a affaire, le Burundais ignore, mendie, vole ou flatte le Muzūngu. Le marché central, par exemple, est une place typique où le Muzūngu est bousculé. Non pas de manière agressive, non, mais juste ce qu'il faut pour le distraire et lui vider les poches. Dans l'élite, le Muzūngu est traité avec des pincettes. Les enfants de Buja sont ceux dont il faut le plus se méfier, car avec leur gueule angélique et leur ventre vide, ils sont maitres dans l'art du vol, de portable surtout.
Entrée d'un village, sur la route de Muramvya. La photo est très mauvaise car prise discrétos de la plage arrière de la voiture.
A l'intérieur du pays, c'est autre chose. Sans doute est-il trop tôt pour généraliser comme je m'apprête à le faire, mais mes trois déplacements au centre du pays (à Bubanza, à Kabezi et à Muramvya) m'ont donné l'impression que le Muzūngu est en quelque sorte un "passeport". L'ONG qui présente une Muzūngu (allez, au hasard, IBJ) a tout de suite plus de crédit. Quand on demande à l'administrateur de Kabezi d'organiser une campagne de sensibilisation dans son village, on montre la Muzūngu. Par contre, quand il s'agit de négocier la location d'un chauffeur pour une journée, on la cache, car elle fait grimper les prix.
Plus significatif encore, lors de ma visite à Bubanza, dont je vous parlerai probablement dans un prochain article, j'ai voulu prendre les photos d'un procès. Je me suis fait rappeler à l'ordre par un policier, qui m'a demandé l'autorisation du Président du Tribunal. Après quelques négociations avec ce dernier, il accepte (comme s'il avait eu l'intention à un moment donné de refuser), mais à condition que je visite entièrement le Palais de Justice, que je photographie chaque salle pour pouvoir témoigner des mauvaises conditions dans lesquelles les magistrats travaillent. Comme si je pouvais y faire quelque chose. J'imagine qu'il n'aurait pas demandé à un Burundais d'exiger la construction d'une seconde salle d'audience "Si rwégawde, là, il y a la placé dé constwuiwre un nouwhô bourwo pouw les magistrwats". Genre, j'y peux quelque chose si les juges s'entassent à 6 dans 15m², et si les archives présentent une ressemblance saisissante avec Bagdad après un attentat suicide. Il m'a aussi demandé le réaménagement du parking, et de nouvelles machines à écrire. J'ai pris note et promis de faire mon possible. Dans un souci de respect de ma promesse, je publie les photos, je confirme les conditions de travail désastreuses, et comme je sais que mon blog est consulté quotidiennement par des millions de lecteurs, j'espère de toutes mes forces que ce témoignage portera ces fruits et que le palais de Justice de Bubanza aura bientôt de palais de Justice autre chose que le nom…
Le Palais de Justice de Bubanza
Auprès des populations enfin, être Muzūngu est très bizarre. Les gamins sont adorables, mais je me sens un peu bête curieuse. Exemple vécu. Y'en a un qui m'aperçoit dans la voiture, il crie "Muzūungu !", et y'en a vingt qui rappliquent, qui se postent autour de la voiture. Ils ne sont jamais hostiles, essaient même de parler Français (l'autre jour, j'en ai rencontré un qui ne savait dire que "Demain". Alors il me regardait et répétait "Demain demain demain demain demain". Heu… Intéressant.), mais ce n'est pas franchement agréable d'être l'objet de curiosité du moment. Je deviens maitre en l'art du Salut à la Miss France… Mais mes déplacements ont toujours été courts, de quelques heures maximum. Demain, je pars pour deux jours, et j'espère qu'une fois que les gamins du village auront repéré qu'il y a une Muzūngu dans le coin, ils passeront à autre chose.
Traversée d'un village sur la route de Bubanza. Ce village se trouve au beau milieu de la plaine de Limbo (cf. billet précédent)
Cela dit, ces considérations sont bien dérisoires vis-à-vis de la pauvreté ici. Si j'ai parfois l'impression que le passage d'un Muzūngu est un évènement (heu… ça va, les ch'villes, là ?), c'est sans doute car je ne suis pas habituée. Chaque petite animation qui agrémente le quotidien de la population doit probablement faire l'objet de la même agitation, et c'est sans doute mon comportement qui est le plus inhabituel –heu… inhabituel pour eux, entendons-nous bien ; moi, je me trouve normale, merci ! Bref, trêve de considérations, l'habitude viendra. La Muzūngu que je suis, ou plutôt que j'apprends à être, vous salue bien bas.
Caro
dimanche 24 janvier 2010
Il y a quinze ans, le Burundi était au bord du précipice…
Blague très en vogue dans l'élite de Bujumbura, et qui reflète tristement la réalité. Au cours de cette semaine, j'ai beaucoup appris sur le Burundi, qui a, tenez-vous bien, sa propre histoire.
Quand j'ai accepté ce stage, ici ou ailleurs, peu importe où on m'expédiait. On m'aurait envoyée à Kinshasa ou Abidjan, je n'aurais pas été pénible. Pour moi, l'Afrique était l'Afrique. Or, y a-t-il besoin de le préciser, entre un Congolais et un Ivoirien, il y a à peu près autant de points communs qu'entre un Québécois et un Mexicain ?
Révélation suprême, le Burundi a donc sa propre culture. Il la partage avec le Rwanda, puisque les deux pays n'en formaient qu'un jusqu'en 1962. Je n'ai pas encore compris pourquoi ils se sont séparés, mais n'allez surtout pas dire à un Burundi qu'il est Rwandais (cela engendre un drame diplomatique du même acabit que celui de l'Ecossais comparé à l'Anglais). Pourtant, on parle quasi la même langue (respectivement, les Kirundi et Kinyarwanda, qui se ressemblent comme le British et l'American English), la géographie est la même (tant au niveau de la taille –tout petits pays-, qu'au niveau du relief –très vallonné-), le climat est le même (équatorial, très humide), l'histoire est la même, et le génocide est le même aussi.
Il y a un an encore, l'accès à l'intérieur du pays nécessitait un visa. Aujourd'hui, on peut circuler librement, en toute sécurité grâce à l'armée qui est omniprésente, jusqu'au couvre-feu de 18 heures.
Pour en revenir au début de l'article, le Burundi est donc aujourd'hui au fond du précipice (cf. "le pas en avant"). Quatrième pays le plus pauvre du monde en terme de RNB par habitant, son budget national est composé d'environ 60 à 70% de l'aide internationale. Tout est désorganisé, corrompu, abandonné. A Bujumbura-centre, les Bazūngu (les Blancs) peuvent vivre à des standards quasi-occidentaux, et l'élite Burundaise aussi ; mais dès qu'on fait trois ou quatre kilomètres et qu'on entre dans les bidonvilles, c'est très triste. On n'y croise évidemment pas de Bazūngu (je n'ai moi-même fait que traverser ces quartiers en voiture, et c'est pas demain la veille que j'y mettrai les pieds seule). Les gens y vivent dans des maisons en terre et en paille, dans lesquelles je n'oserais pas laisser mes chiennes plus de deux heures de peur qu'elles s'étouffent avec la poussière (le premier qui dit que mes chiennes sont des petites natures, je l'étrangle). Les gosses à moitié habillés sont posés par terre, au milieu de détritus, et attendent que le temps passe. Les femmes, avec d'immenses pots sur la tête, un gamin dans le dos et deux autres accrochés à leurs mains, et de grands seaux d'eau, traversent pied nus les rues. Bref, c'est pas joli-joli.
Lorsqu'on pénètre à l'intérieur du pays, juste après les bidonvilles, c'est encore différent. Les villages sont très vastes. Pour aller à la mairie du village de Kabezi avant-hier, par exemple, il nous a fallu une heure. Une demi-heure de route pour faire les quinze bornes qui nous séparaient de Bujumbura, et une demi-heure de chemin -on ne peut même parler de piste- pour monter à la mairie, au sommet du village (rappeler vous, les montagnes qui tombent dans le lac : la route goudronnée longe le lac, et si on veut monter au cœur du village, il fat prendre des chemins). Là encore, la pauvreté est terrible. Les maisons sont minuscules, très espacées, souvent à moitié effondrées.
Tout le monde le dit, cette situation s'est empirée depuis 1993. Il y a vingt ans, l'économie fonctionnait encore, avec un quartier industriel dynamique. Aujourd'hui, le quartier industriel, au nord de la ville, est un vrai coupe-gorge où seul les bandits s'aventurent. La seule usine qui n'ait pas fait faillite pendant la guerre est la distillerie Amstel… Et pour cause, l'alcoolisme est un véritable fléau, et la vente d'alcool est une activité fructueuse. Avec les 60 cL de bière à 500 FBu (environ 25 centimes d'euros) dans la capitale et la moitié à l'intérieur, tout le monde ou presque peut se l'offrir. Contrairement à l'eau, où les 50 cL coûtent à l'intérieur jusque 2000 FBu (moins dans la capitale, où l'eau est courante presque partout). L'alternative est un Fanta (mot générique pour désigner les sodas en général), qui sont à 1000/1500 FBu. Le paradis pour les expats, une tragédie pour les Burundais.
Pour évoquer la guerre, on utilise très rarement ce terme. Astère m'en a parlé le premier soir, je suis depuis censée avoir intégré. Depuis, il utilise, comme tous les Burundais, des euphémismes tels que "les évènements", ou "la crise", ou "1993" tout simplement. Jamais "la guerre".
J'aimerais illustrer mon propos avec des photos. Mais, comme je vous l'ai déjà dit, c'est très délicat. Le Burundi n'étant pas un pays touristique, les Burundais ne sont pas habitués à voir les gens mitrailler (au sens figuré ; la mitraille au sens propre étant une activité courante dans le coin). C'est donc très suspect et impoli de prendre en photo. J'ai photographié quelques splendides paysages, mais pour ce qui est des villages, ce n'est que des photos volées prises de derrière les vitres tintées de la voiture. C'est la raison pour laquelle les photos n'ont pas grand-chose à voir avec ce que je vous raconte. En plus, comme la connection est mauvaise, je suis obligée de les alléger, et donc de diminuer leur qualité.
Dites-donc, les jeunes, il est gai cet article, hein ? Ca donne envie de venir lire le suivant, pas vrai ? Allez, de peur de perdre tous mes lecteurs, je vais finir sur une note positive. Vous vous souvenez que je m'étais targuée d'habiter à côté du vice-président. C'est non seulement la classe, mais c'est aussi très pratique. On est, comme par hasard, un des premiers quartiers à bénéficier de l'électricité après les (très) fréquentes et parfois (très) longues coupures… Heu, pas terrible la note positive…
samedi 16 janvier 2010
Bons baisers de Bujumbura
Les plus sceptiques –dont j'étais, soyons honnêtes- en auront le souffle coupé : il y a Internet au Burundi. Ce qui me permet, 32 heures à peine après avoir traversé le tarmac défoncé de l'aéroport, de vous donner des nouvelles, et même de poster quelques photos.
Par où commencer ? Tant de choses nouvelles déjà..
Bon, faisons preuve de logique, commençons par le voyage, tiens ! Je vous passe les "au revoir", c'est toujours un peu déprimant de quitter ceux et ce qu'on aime pour … heu… appelons un chat un chat, pour l'inconnu. Après 18 heures de trajet depuis Lyon Part-Dieu, une escale à Addis Ababa, puis une autre à Nairobi (pas prévue, celle-là. Enfin si, Ethiopian Airlines savait. Moi pas. Ce qui m'a valu un petit coup de flippe, du genre "non, t'es quand même pas assez c*** pour t'être plantée d'avion, ma fille") je peux vous faire la pub pour Ethiopian Airlines. Le trajet s'est aussi bien passé que possible ("Caro, arrête de penser que tu sais pas où tu seras dans trois heures", "Caro, arrête de penser que les chiennes ne sont pas sorties depuis lundi", "Caro, arrête de penser qu'ils sont en train de récupérer du Gobble du mercredi à Stoke", "Caro, arrête de penser, B***** !"), et c'est donc avec les yeux gonflés (de sommeil, bien sûr) mais pleine de bonne volonté que je suis descendue de l'avion, qui finalement allait bien à Bujumbura. En fait, c'est juste que Bujumbura est une destination tellement prisée qu'ils n'arrivent même pas à remplir une carlingue déglinguée, tant et si bien qu'on était une quinzaine entre Nairobi et Bujumbura, tandis que l'avion avait décollé plein d'Addis Ababa.
Astère, mon Maitre de Stage m'attendait à l'aéroport. Ce qui m'a valu la première gaffe de mon voyage africain. J'attendais mes bagages dans le "hall" (comprenez le sol carrelé, couvert par des taules, mais sans murs, juste quatre poutres pour tenir le tout) de l'aéroport, et un jeune homme noir s'approche de moi et prend mes bagages, d'un air confiant. Là, je précise que j'étais la seule fille blanche, et que donc si quelqu'un attendait une Française, c'est vers moi qu'il se serait dirigé. Je lui demande donc s'il est bien Astère. "Yé, yé., tout ok !". Bon, bizarre, le Maitre de stage, mais on va dire qu'il est timide. Je le suis donc, le remerciant chaleureusement pour m'aider à porter mes 40 kg de boites de médocs et autre moustiquaire. A la sortie de l'aéroport, j'aperçois un autre jeune homme noir, avec un panneau "IBJ". Hum hum… Intéressant. Y'aurait-il deux Astère ? En fait, nan, c'est juste que comme il n'y a pas de charriot à l'aéroport, des Burundais se chargent de porter nos bagages, moyennant une pitite compensation. Heureusement, le deuxième Astère était beaucoup plus normal que le premier. Et très sympa. Il m'a amenée au centre, on a fait un tour de la ville, vu le lac, puis il m'a amenée à la guesthouse, où je suis ce soir et où je resterai le temps de trouver une collocation. Ensuite, on est allés au bureau d'IBJ, où j'ai rencontré les autres membres burundais, à savoir Claire ("assistante de direction", joli nom pour dire secrétaire/standardiste/boniche) et Herman, avocat.
La "rue" qui mène à la guesthouse. En arrière plan, les collines, qui plongent, au sud de la ville, dans le lac.
Entre temps nous sommes allés changer mes euros en Francs Bu, et cette expérience mérite d'être mentionnée. "Le taux de la banque centrale burundaise, c'est n'importe quoi. Je vais t'amener au marché noir, là tu vas avoir plus d'argent". Soit. Je n'étais pas d'humeur contrariante, et le bureau de Genève m'avait prévenue. Je me suis donc retrouvée derrière une baraque en taules, à faire passer des liasses de billets sous une grille crasseuse. Amis de la légalité, passez votre chemin.
Enfin, nous avons mangé au bord du lac. C'était drôlement bon et magnifique. La soirée était très irréelle, à manger du poisson du lac Tanganyka, les pieds dans le sable, avec un Burundais que je connaissais à peine, n'ayant pas dormi ou presque depuis plus de trente-six heures. Mais très agréable quand même.
Aujourd'hui, je suis allée me balader un peu, mais la guesthouse est excentrée, dans le quartier riche (j'habite en face du Vice-Président burundais, c'te classe), et j'ignore encore dans quels quartiers il faut éviter de se promener à pied, car il y en a qu'il faut éviter. Je suis également allée à l'épicerie du coin faire le plein de fruits, qui sont délicieux. Je peux même, pour la modique somme de 5 320 FrancsBu, m'offrir une choucroute garnie. Mondialisation, quand tu nous tiens ! Dans un souci d'intégration, je m'en suis quand même tenue aux avocats et aux bananes.
La vie à la guesthouse est sympa. On rencontre plein de gens –blancs, sans exception- différents. J'ai notamment discuté avec un couple débarqué de Bruxelles il y a dix jours, en mission pour trois ans pour la commission européenne. Lui est Espagnol, elle est Ecossaise, et ils ont le cafard grave. Les miracles de l'UE. A notre petit groupe s'est ajouté Kriestin, une consultante flamande pour une ONG qui était remontée après l'UE pour ses lourdeurs administratives quand il s'agit d'allouer un budget aux ONG. Beau débat en perspective.
C'est à peu près tout pour ce qui est de mon arrivée ici. J'ai fait de cet article une description détaillée de l'emploi-du-temps, à savoir pile ce que je voulais éviter pour ce blog, mais il est trop tôt je crois pour les grandes réflexions ou les amorces de bilan. A ceux qui s'inquiètent (Oui, Mère, oui, Père, c'est de vous dont je parle), rassurez-vous, tout va bien se passer. Je suis moi-même plus sereine que jeudi soir.
Merci, merci, et encore merci pour vos mails et ptits messages sur Facebook (ourch, faut-il que je sois seule pour remercier Facebook d'exister), ils me font très plaisir.
A très bientôt,
Caro
PS : j'aurais voulu prendre plus de photos, mais je trouve que cela fait vraiment touriste de dégainer l'appareil à chaque coin de rue. Alors la suite au prochain numéro !
dimanche 10 janvier 2010
Semaine genevoise

Pour trois jours, j'ai ainsi renoué avec un rythme de travail sinon normal au moins décent. Hé ! ho!, rigolez pas, passez de huit heures par semaine à huit heures par jour, ça fait un choc ! Logée chez mon oncle et ma tante (merciiiiiiiii), j'ai aussi goûté aux joies des so-called migrations pendulaires, avec trois heures de trajets quotidiens..
L'aspect logistique de cette semaine traité, je peux faire un peu de pub pour mon ONG. Bilan de la semaine supra-positif (même si au moment de me taper le code pénal burundais en Anglais –alors qu'il est rédigé en Français à la base…- j'ai pu avoir des doutes quant au choix de ce stage). Je reviens de cette formation motivée grave-de-la-mort-qui-tue, et aussi avec des réponses un peu plus précises que "benh sauver le monde qui court à sa perte" à la question que vous me posez souvent "heu… mais en fait, tu vas faire quoi au Burundi ?".

En gros, l'objectif d'IBJ est l'application effective du droit en matière judiciaire, ou autrement dit le respect des droits des détenus, de leur arrestation jusqu'à leur détention. La plupart des pays ont promulgué des lois et signé des conventions internationales reconnaissant ces droits, mais ne les appliquent pas. Le but de l'ONG n'est pas tant de militer pour l'évolution du droit (même si par exemple elle promeut l'abolition de la peine de mort –petit clin d'œil pour des débats souvent enflammés au RU !), mais plus pour son respect.
Le champ d'action d'IBJ est double : d'une part, un programme de développement standardisé est mis en place dans 6 pays (la Chine, le Cambodge, l'Inde, le Rwanda, le Zimbabwe et le Burundi) ; d'autre part, un programme global, Justicemakers. Je n'entrerai pas dans le détail de Justicemakers, mais je vais essayer de développer un peu le programme commun au six pays.
Lorsqu'IBJ décide de s'implanter dans un pays, quatre types d'activi

- Campagnes de sensibilisation destinées à la population civile afin de lui faire connaitre ses droits juridiques en cas d'arrestation
- Sessions de formation (des avocats, des juges, de l'administration pénitentiaire, des forces publiques) au centre d'IBJ où sont mis à disposition des manuels de défense pénale, une connexion –aléatoire, certes, mais une connexion quand même et d'autres petits trucs.
- Tables rondes où se rencontrent les membres des groupes ci-dessus
- Soutien juridiqueà des prévenus particuliers, en priorité ceux qui sont en détention provisoire (avant leur jugement) abusive, et les mineurs. A cet effet, IBJ emploie un avocat burundais, qu'elle "commet d'office" aux détenus qu'elle juge prioritaire.
Et mon rôle, dans tout ça ? Je vous le donne en mille : je vais participer à la mise en œuvre du programme burundais. Dans chacun de ces six pays, IBJ emploie un fellow, un collègue. Le fellow Burundais, Astère, est mon Maitre de stage.
Il faut savoir que le Burundi compte une centaine d'avocats, pour 8 à 9 millions d'habitants. La situatio


J'ai bien appris ma leçon, hein ? Je vais arrêter ici mon prosélytisme. D'autant que tout ça a l'air bien beau en théorie, mais que je ne sais pas ce que cela va donner sur place.
Of course, je vous tiens au courant, si l'accès à Internet me le permet.
Me voilà donc briefée sur mon stage. Reste la vie burundaise, qui reste une grande interrogation. Je ne sais toujours pas où je logerai, comment je me déplacerai, les activités par lesquelles j'occuperai mon temps libre, ce que je mangerai… Koh-Lanta, mon inspiration ! Ce dont je suis à peu près sure, c'est du choc thermique, car je quitte ça ….

… pour rejoindre les cocotiers !
A bientôt,